Présentation
Ce rapport conjoint de la Société pour l’attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet (ICANN en Anglais) et de l’Internet Society (ISOC) offre le premier aperçu substantiel de l’impact mondial du Forum sur la gouvernance de l’Internet (FGI). Il démontre comment la coordination, plutôt que le contrôle, a permis des progrès tangibles en matière de résilience, de portée et de confiance sur Internet.
Structuré non pas comme une rétrospective mais comme un compte rendu pratique des résultats, le rapport s’appuie sur deux décennies de travail dans les domaines des infrastructures, de l’accès, de la sécurité et des politiques. Il fournit des preuves concrètes de ce que la coordination a permis de réaliser, et de ce qui pourrait être perdu si le soutien à la coopération multipartite venait à s’affaiblir.
Points essentiels
Infrastructure et accès
Le nombre de points d’échange Internet (IXP) a plus que doublé en Afrique en l’espace de dix ans. Dans des pays comme le Kenya et le Nigéria, cette croissance a contribué à localiser le trafic, réduisant le délai de transmission des données (latence) d’environ 200 à 600 millisecondes à 2 à 10 millisecondes, et permettant d’économiser des millions chaque année en coûts de connectivité internationale. Le FGI a permis le partage de bonnes pratiques qui ont directement contribué à cette expansion.
Accès multilingue
Près de 4,4 millions de noms de domaine sont désormais enregistrés dans des scripts non latins. Les sessions organisées par le FGI et les coalitions de parties prenantes ont donné un véritable élan aux noms de domaine internationalisés (IDN) et à l’acceptation universelle (UA). En 2025, plus de 50 événements mondiaux ont marqué la Journée de l’UA, promouvant l’accès linguistique dans l’ensemble de l’écosystème Internet.
Sécurité et résilience
Aujourd’hui, 93 % des domaines de premier niveau sont sécurisés grâce aux extensions de sécurité du système de noms de domaine (DNSSEC), qui protègent contre les réponses DNS falsifiées. Parallèlement, plus de 1 000 réseaux ont adopté les normes pour la sécurisation du routage mutuellement agréées (MANRS), une initiative mondiale visant à réduire les attaques de routage. Le FGI a joué un rôle clé dans la prise de conscience, la collaboration et la mise en œuvre de ces mesures de protection.
Engagement local et influence politique
Plus de 180 Forums nationaux et régionaux sur la gouvernance de l’Internet (NRI) constituent aujourd’hui une structure décentralisée de dialogue continu tout au long de l’année. Des initiatives telles que les FGI Jeunesse et le volet parlementaire du FGI façonnent les politiques nationales et internationales, notamment les déclarations officielles sur la confiance numérique, les droits des utilisateurs et la gouvernance multipartite.
Innovation centrée sur la communauté
De l’Arctique aux Andes, les réseaux communautaires se sont développés grâce aux plateformes du FGI et à la Coalition dynamique pour la connectivité communautaire (DC3). Ces efforts locaux éclairent désormais les changements réglementaires, notamment les résolutions de l’Union internationale des télécommunications (UIT) et les approbations nationales, et ont contribué à combler les lacunes en matière de connectivité dans les régions mal desservies.
Plateforme de coordination mondiale
Le FGI est passé d’un simple rassemblement annuel à un véritable écosystème vivant. Il fait le lien entre les domaines techniques et politiques, relie les perspectives locales aux perspectives mondiales, et permet une gouvernance de l’Internet distribuée mais coordonnée. Cette structure est aujourd’hui à la fois un exemple à suivre et une nécessité.
Pourquoi c’est important
Le rapport est publié à l’approche du bilan des 20 ans du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI+20) — un moment clé qui déterminera la prochaine étape de la coopération numérique mondiale. Il sert à la fois de synthèse des réussites et d’avertissement : la coordination fonctionne, mais elle nécessite un soutien constant. L’ouverture, la sécurité et l’interopérabilité d’Internet en dépendent. Si cette coopération s’essouffle, les conditions qui ont permis à Internet de prospérer pourraient ne plus être réunies.