Enfant portant un masque et tenant une tablette

Intensifier les opportunités avec Murambinda Works

Au Zimbabwe, un réseau communautaire se transforme d’un cybercafé en un centre local de connaissances, de soins de santé et de développement, ainsi réalisant le potentiel de l’Internet en tant que source de possibilités.

Comment un simple cybercafé peut-il devenir un élément essentiel d’Internet ? Cela demande un sens de l’anticipation, un goût pour l’innovation et de la détermination.

La commune de Murambinda, située à environ 294 kilomètres d’Harare, la capitale zimbabwéenne, a un impact au-delà de ses frontières. La communauté dépend traditionnellement de l’agriculture pour sa subsistance et pour le commerce, mais, ces dernières années, elle progresse de manière spectaculaire dans les domaines de l’éducation, de la santé et du développement informatique pour son tissu d’entreprises locales. Vision Internet, un cybercafé situé dans un ancien conteneur, a été fondé en 2001. Conçu par des riverains doués en soudure, en art et en peinture, Vision Internet incarne l’esprit de l’ubuntu, une humanité partagée. Il s’est depuis développé, et dessert désormais bien plus que les quelques milliers d’habitants de Murambinda, grâce à son réseau communautaire très dynamique.

« Nous sommes ravis de recevoir Internet dans le village », explique Hope, un jeune étudiant à qui l’enseignement numérique a été extrêmement utile. « L’éducation telle que nous la connaissons a évolué, et mes amis et moi pouvons désormais accéder à l’Internet et trouver n’importe quelle information, à n’importe quel moment, sur n’importe quel sujet. »

Avec ses 4 000 habitants, Murambinda est un « centre de croissance ». Le réseau communautaire connecte les sièges administratifs de la région, et s’étend sur un rayon de 40 kilomètres, jusqu’à Nerutanga, le long de la route vers Chivu. Le nom de Murambinda Works, désigne désormais ce système d’accès public aux communications, qui s’étend bien au-delà des limites de la ville pour couvrir une population de 108 000 personnes, et qui rend l’Internet accessible et abordable pour les communautés mal desservies au nord et à l’ouest de Buhera.

*Ubuntu est un mot de la famille de langues Nguni, en Afrique australe. Il désigne une philosophie ou une croyance africaine, selon laquelle l’humanité ne peut s’exprimer que dans nos interactions avec les autres.

Une carte du Zimbabwe mettant en évidence Harare et Murambinda

L’UNICEF, la branche Développement de l’UIT, le ministère zimbabwéen des Communications, la POTRAZ et le chapitre zimbabwéen de l’Internet Society ont participé au lancement du réseau communautaire de Murambinda Works en mai 2021.
UNICEF Zimbabwe / 2021 / Kudzai Tinago

Résorber la fracture numérique

Sur les 14,6 millions d’habitants du Zimbabwe, 32 % résident dans des centres urbains, contre 68 % en zone rurale (Banque mondiale, 2019). À la fin du premier trimestre 2020, l’Agence de Régulation de la Poste et des Télécommunications (POTRAZ), en anglais Posts and Telecommunications Regulatory Authority (POTRAZ) a déclaré une augmentation de 56,2 % de la consommation d’Internet mobile et du trafic de données. Cependant, il existe un déséquilibre entre les connectivités en ville et dans le monde rural, et 52 % des accès sont situés dans des espaces urbains, ce qui accroît la fracture numérique. La couverture d’Internet en zones rurales est donc une priorité soutenue par la politique nationale des technologies de l’information et de la communication (TIC), en anglais National Information and Communications Technology (ICT).

Ces vingt dernières années, le Zimbabwe a été confronté à des difficultés politiques, sociales et de santé qui, en plus de l’instabilité monétaire et de l’inflation massive, ont rendu presque impossible la réalisation de tout projet. Le réseau communautaire de Murambinda s’est épanoui en dépit de ce contexte, grâce à la communauté de passionnés qui mène ce projet et à une approche plurisectorielle qui a su rassembler tous les acteurs.

Auparavant, nous n’avions pas le moindre accès aux informations générales, aux actualités et aux nouveautés nationales, et les journaux ne touchaient pas notre communauté, ce qui donnait lieu à une migration vers les centres urbains pour apprendre des informations essentielles. »

Joseph Bishi, cofondateur de Vision Internet et l’instigateur du projet

Sans connexion à Internet, les habitants étaient confrontés à de nombreuses difficultés. Les étudiants étaient contraints à faire de longs et onéreux trajets, simplement pour obtenir les documents nécessaires pour s’inscrire à l’université. Cela allait de pair avec l’incurie des services postaux. Dans le secteur médical, les professionnels de la santé n’étaient pas en mesure de faire des recherches, ni de communiquer de manière efficace sur les besoins en personnel et leurs besoins professionnels, ni sur les besoins de leurs patients. Du fait du manque de financements dans le secteur de l’éducation, les étudiants étaient confrontés à une pénurie de supports pédagogiques, un problème pouvant être résolu par les ressources en ligne.

Un homme regardant des papiers

Luke Chamangwana (à gauche) en train de faire des photocopies pour un client dans le conteneur réaménagé qui accueille le cybercafé Murambinda Works à Murambinda, au Zimbabwe, le 24 mai 2018.
Internet Society / Nyani Quarmyne / Panos Pictures

Un cybercafé désormais au cœur d’Internet

Vision Internet, qui était à l’origine un simple cybercafé, proposait une connexion Internet bas débit et des services de photocopie et d’impression. Il jouait aussi un rôle de sanctuaire pour les jeunes, qui pouvaient venir y regarder des films ou des vidéos, et jouer à des jeux. Vingt ans plus tard, le cybercafé est devenu à la fois un centre de ressources et un hub d’informations, et offre ses services aux actifs, aux chefs d’établissements scolaires, aux parents, aux élèves, aux entrepreneurs et aux habitants du district.

Bishi, 33 ans, est l’un des trois frères qui ont fondé Vision Internet, désormais connu sous le nom de Murambinda Works en 2008. Sa mère assistait alors des professionnels de la santé dans un hôpital. Aucun journal n’était distribué à Murambinda, et les docteurs, infirmiers et enseignants n’avaient aucun accès aux actualités et aux informations à jour. Les membres du personnel de santé étrangers n’avaient aucun moyen de communication pour approfondir leurs études, et ne pouvaient pas contacter leurs proches à l’étranger.

En tant que « centre pour les solutions », le cybercafé a commencé à offrir des formations de base en informatique aux représentants de la communauté, à la demande des services de l’éducation et de la santé. Le petit hub Internet a commencé à se développer de manière régulière, en connectant les écoles sélectionnées et en augmentant ses services et activités pour impliquer la communauté. Cela a permis que des écoles investissent dans leurs propres photocopieuses, afin de réduire les coûts et les temps de trajet, et mettent en place leur propre système d’inscription scolaire. D’autres services du district, pour l’administration, la santé et l’agriculture, se sont mis à faire davantage pour offrir une approche plus inclusive de la connectivité, ce qui a donné naissance au concept de Murambinda Works, qui allie unité, créativité et résilience, ainsi que la fondation du vrai esprit africain.

La portée de Murambinda Works s’est accrue par la suite, et Murambinda Foster Home aide désormais les orphelins et les enfants vulnérables. « Il s’agissait d’une volonté transmise par feu ma mère. C’est le seul orphelinat de tout le district, et il accueille les orphelins de manière temporaire, avant qu’ils ne trouvent leur nouvelle famille », explique Bishi.

Joseph Bishi, cofondateur de Vision Internet et responsable de la mise en œuvre du projet de réseau communautaire de Murambinda.
Internet Society / Nyani Quarmyne / Panos Pictures

Développer le réseau communautaire

Bishi est un génie de l’informatique, qui occupe le poste de chef de projet pour Murambinda Works. Il est à la tête d’une équipe de six personnes, dont trois travaillent dans le domaine des technologies de l’information et la communication, une dans l’administration et deux dans le marketing. Sa passion est de contribuer à des évolutions positives par le développement de compétences, le partage d’informations et l’échange des connaissances à Murambinda, qui est également son lieu de résidence rural, sa kumusha.

En grandissant au sein de cette communauté rurale, il a pu découvrir par lui-même les réalités et les difficultés que représentait la marginalisation dans tous les domaines. L’histoire du développement de Murambinda n’est pas seulement profondément personnelle pour Bishi et ses frères. Il s’agit également d’un reflet fidèle de la valeur de l’engagement collectif dans l’esprit du développement communautaire. Leur mantra :

Il est possible d’avancer vers un nouveau monde, dynamique et puissant, dans lequel, si vous existez, vous ne pouvez jamais être ignoré. »

En 2012, tandis que la confiance dans le réseau communautaire se développait, le ministère de l’Éducation a passé un accord avec Murambinda Works pour la formation de la totalité des enseignants du district aux bases de l’informatique, afin de permettre de nouvelles approches basées sur Internet. C’était le début d’une transition. Cependant, à cette époque, la mise en place d’une infrastructure de fibre pour la connectivité à Internet dans son ensemble restait onéreuse pour les établissements isolés, notamment pour les écoles et les centres de santé. Cela faisait naître un certain désespoir au sein de la communauté.

La passion qui anime Murambinda Works

L’expertise de Bishi associe l’analyse du réseau, la distribution radio sans fil de point à point et de point à MultiPoint, et l’installation. Sa formation technique par l’Internet Society lui a permis de faire de nombreux voyages pour offrir son savoir- faire dans d’autres pays de la région, en associant une expertise globale et ses connaissances spécifiques au pays à sa familiarité avec le terrain. Mi-2016, il a été le tuteur d’étudiants en master et en doctorat dans le laboratoire de développement de l’université du Cap, en Afrique du Sud, et leur a fait part de son expérience dans les domaines de l’implication de la communauté et du déploiement de réseaux basés sur la technologie de l’espace blanc.

Un homme travaillant sur l'ordinateur portable

George Mangwiro, un étudiant de l’école de polytechnique en stage de placement, replacant un disque dur d’ordinateur portable à l’intérieur du conteneur d’expédition converti qui abrite le café Internet Murambinda Works à Murambinda, Zimbabwe, le 24 mai 2018. Internet Society / Nyani Quarmyne / Panos Pictures.

En november 2016, il a rejoint l’équipe pionnière du Sommet sur les réseaux communautaires en Afrique, avec le soutien du chapitre kényan de l’Internet Society, ce qui lui a permis d’asseoir ses connaissances sur le déploiement d’un réseau communautaire et de développer des compétences essentielles pour la diffusion d’Internet par des moyens sans fil bon marché. « J’ai trouvé cela captivant. La solution à ce que demandait ma communauté est née de ces précieuses rencontres avec des experts. Cela m’a aidé, à mon retour, à discuter avec ma communauté pour décider de la manière dont nous voulions procéder, dans le respect de la législation, car, à l’époque, les diffusions radio point à point en 5 GHz et 2,4 GHz sur plus de 100 mètres étaient illégales. Cela a donc été le début d’un long processus pour trouver comment mettre en place le réseau, jusqu’à obtenir notre licence pilote pour Murambinda Works », explique-t-il. Le parcours de Bishi dans le domaine de la connectivité et du développement d’applications sur mesure passe également par un rôle actif dans les hôpitaux de la zone rurale de Masvingo, à environ 154 km de Murambinda.

Fin 2018, Emily Chibvongodze, PDG du Conseil de district de Buhera, a organisé un atelier d’implication de la communauté très réussi. Celui-ci impliquait les parties engagées, notamment feu le chef local de Murambinda, ainsi que ceux de villages des zones de montagne. Culturellement, les montagnes sont des lieux sacrés dans les zones rurales, dédiés à la prière et aux rituels, et il était donc crucial de faire très attention aux points d’entrée pour obtenir le soutien des chefs traditionnels.

Il ne faut pas imposer son avis pour les solutions, mais réunir les autorités en tant qu’utilisateurs, [en particulier] étant donné qu’elles étaient en demande de solutions pour améliorer la connectivité à leurs institutions gouvernementales. L’infrastructure de réseau proposée, avec une couverture peu onéreuse, ainsi que le système de gestion de l’école et la plateforme pour les contenus locaux, ont été perçus comme un moyen de collaborer avec la communauté. »
Joseph Bishi

Chibvongodze préside également le conseil du réseau communautaire de Murambinda, dont Bishi est vice-président, et auquel siègent des représentants des secteurs de l’entreprise, de la santé et de l’éducation, de la communauté religieuse et des autorités traditionnelles.

Une proposition commune a conduit au déploiement d’un réseau communautaire en 2019, financé par l’Internet Society, d’un rayon de 40 km, et couvrant 80 établissements scolaires. À l’origine, le site d’installation a été conçu selon une topologie de réseau en toile, avec des radios sans fil point à point et point à MultiPoint, à transmission solaire sans fil. 

En 2020, Murambinda Works s’est associée à TelOne, un opérateur téléphonique majeur au Zimbabwe, pour pouvoir accéder à sa dorsale de fibre, ce qui a offert la bande passante nécessaire. Début 2021, l’organisation a également développé des applications logicielles pour apporter une valeur supplémentaire au réseau. L’une de ces applications logicielles était un système de gestion pour les écoles, qui assurait un lien entre les écoles et l’administration scolaire du district. Cela a permis aux inspecteurs scolaires d’accéder à des informations essentielles sans avoir besoin de se déplacer.

« À cette époque, nous n’avions pas de licence pour les réseaux communautaires au Zimbabwe, nous avons donc fait une demande à la POTRAZ. Elle nous a autorisé à organiser une étude de cas pilote, qui a ensuite été évaluée et approuvée. La POTRAZ reconnaît tout l’intérêt et les bénéfices apportés par ce modèle. Nous sommes ravis du fait que les spectres 5 GHz et 2,4 GHz soient désormais disponibles pour innover afin de résoudre les problèmes liés à la connectivité auxquels sont confrontés les jeunes », explique Bishi. À la suite de la réussite de ce programme pilote, la POTRAZ a invité Murambinda Works à publier un document de consultation sur la politique relative à l’allègement des licences pour les spectres 2,4 GHz et 5 GHz au Zimbabwe.

La commune de Murambinda a actuellement accès, dans le cadre du projet National Fiber Infrastructure, à la fibre de TelOne, sous-utilisée du fait des coûts d’installation élevés. De plus, la couverture 3G est disponible auprès de trois différents opérateurs, mais ce service manque souvent de fiabilité en cas de coupure d’électricité, un problème que Murambinda cherche à résoudre grâce à des systèmes à énergie solaire et au biogaz.

Avec TelOne, le réseau communautaire de Murambinda reçoit 25 Mo/s de trafic, qui est réparti entre les huit institutions connectées au site d’accès. Il est composé de quatre spots Wi-Fi communautaires, qui assurent la connectivité des écoles, de l’établissement de formation des infirmiers, des bureaux administratifs du district, des foyers et des fermes situés à proximité. Il connecte également le cybercafé, les prestataires de services financiers, l’hôpital et les bureaux du gouvernement.

Precious Machekano, 34 ans, infirmière diplômée, se prépare à passer la qualification de sage-femme à la Murambinda Mission Hospital School of Midwifery, à Murambinda, au Zimbabwe, le 22 août 2018.
Internet Society / Nyani Quarmyne / Panos Pictures

La connectivité est la meilleure façon de faire

La transition sans précédent de Vision Internet, qui est passé d’un cybercafé à un réseau communautaire, a été le résultat d’efforts combinés de toutes les parties et de la communauté dans son ensemble. En formant tout le district et en se faisant connaître par tous, le réseau communautaire est devenu en une décennie un partenaire de confiance de la communauté pour les problématiques relatives aux TIC et à Internet.

Il s’agit désormais d’un véritable [réseau communautaire], la concrétisation d’une vision perçue et désirée de longue date, ce qui est rafraîchissant, intéressant et captivant. Nous pensons que nous allons pouvoir connecter de nombreuses communautés, en plus de Murambinda, dans tout le pays. »
Joseph Bishi

Le Murambinda Mission Hospital est désormais l’un des meilleurs du pays. C’est en partie dû à l’accès à Internet, qui a permis de disposer de technologies de recherche avancées et a aidé les docteurs à accroître leurs connaissances. L’hôpital est le premier à proposer aux patients une technologie à bas coûts pour dépister la charge virale chez les personnes ayant le VIH. Il offre également de meilleurs soins et traitements pour la tuberculose et le VIH. L’établissement a désormais une envergure nationale, et des patients viennent y recevoir des soins hospitaliers depuis de longues distances, parfois même depuis Harare, à près de quatre heures de route. L’accès à des soins de santé de qualité a été fortement accru, grâce à la connectivité.

« Internet a permis de nous faire connaître, et a offert de nombreux avantages à nos élèves. L’an dernier, un élève de l’une de nos écoles connectées a obtenu un prix à une exposition scientifique nationale […] grâce aux recherches qu’il a pu mener sur Internet. La connectivité à Internet est donc la meilleure façon de faire ! » déclare Nelson Magwede, inspecteur du ministère de l’Éducation pour le district.

Pour assurer en partie sa viabilité, Murambinda Works génère des revenus en offrant des services dans le domaine des TIC, comme l’utilisation des équipements du cybercafé pour accéder à Internet, photocopier des documents, relier des dossiers, assurer des formations pour les agences gouvernementales et effectuer des tâches de réparation et d’entretien informatiques. Malgré cet essor impressionnant, la pandémie de COVID-19 a menacé d’anéantir tous les progrès obtenus par la communauté dans les domaines de la santé et de l’éducation.

L’histoire de Hope…

Un homme assis à la table devant l'ordinateur portable avec un petit globe à côté

Hope Mubayiwa est étudiant en deuxième année à l’Université du Zimbabwe, et son futur s’annonce prometteur. Il rêve d’avoir un impact réel sur le monde grâce à ses études de géologie. Avant la pandémie, Hope résidait sur le campus, utilisait des manuels scolaires, fréquentait les bibliothèques et assistait aux cours magistraux en présentiel. Le fait de disposer d’un accès à Internet et le fait de l’utiliser étaient à la fois onéreux et limité par les offres de données. Le coût, plus de 30 $ américains par mois, était inenvisageable pour le jeune étudiant.

Le réseau communautaire de Murambinda Works a changé cela. Il peut désormais étudier en ligne depuis chez lui, à plus de 250 kilomètres de l’université. « Cela a été une véritable aubaine », explique-t-il.

La formation en ligne a motivé Hope à étudier davantage, et l’a aidé à surmonter ses craintes et sa timidité vis-à-vis de l’enseignement en présentiel. « J’ai pu effectuer rapidement mes recherches et faire mes devoirs […] grâce à la vitesse et à l’efficacité d’Internet. Je n’ai plus à me préoccuper d’offres de données qui ne m’arrangent pas ni à craindre que le point d’accès ne fonctionne pas. » Il est inspiré par la puissance d’Internet. À la fin de ces études, en 2023, il compte devenir géologue, et se consacrer à l’étude des ondes sismiques et de l’analyse des cartes. Il pense pouvoir jouer un rôle, en aidant les géologues, archéologues, mineurs et spécialistes des ressources en eau à mieux paramétrer, définir et mettre en place leur travail. Ils pourront ainsi mieux répondre aux problèmes de santé publique et aux risques météorologiques, notamment grâce à la préparation aux catastrophes. L’espoir (en anglais, Hope) est une ressource dont le monde a plus que jamais besoin.

« J’inviterai mes collègues à faire preuve de curiosité au sujet de tout ce qui touche à Internet. »

Communication en période de pandémie

Les effets négatifs de la pandémie de COVID-19 n’ont pas épargné la communauté de Murambinda. En plus des infections et des morts qui en ont résulté, la pandémie a impacté les moyens de subsistance. C’est également durant cette période que d’autres problèmes de santé ont coûté la vie à M. Simbarashe, l’un des premiers leaders et partisans de Murambinda Works. Ces difficultés ont représenté un revers majeur pour le réseau communautaire, mais Joseph souhaitait préserver l’héritage de M. Simbarashe.

La pandémie a démontré l’importance primordiale du réseau étendu de Murambinda Works. En septembre 2020, le réseau communautaire a reçu une bourse de l’Internet Society d’un montant de 9 000 $ américains, ce qui lui a permis de construire rapidement une tour et des points d’accès Wi-Fi dans des zones résidentielles. Cela a permis à des entreprises de fonctionner malgré le confinement, et les riverains ont pu télétravailler et accéder à des services essentiels durant ces périodes d’isolement.

« Le gouvernement est parvenu à gérer la crise dans le secteur de l’enseignement en fournissant des équipements de protection individuels (EPI) et en respectant les protocoles préconisés par la politique de l’OMS. Internet a joué ici un rôle très important, en assurant la bonne mise en œuvre de ces politiques », déclare Nelson Magwede.

L’aube d’une ère nouvelle

Dès sa création, Murambinda Works a bénéficié d’un soutien politique bienvenu. « Les efforts collectifs sont plus que jamais cruciaux pour offrir la valeur d’une connexion à Internet, » a déclaré Jenfan Muswere, ministre des Technologies de l’information et de la communication (TIC) et des services postaux dans le cadre de la commission officielle du réseau communautaire Murambinda Works en mai 2021. Plus de 300 personnes, notamment des représentants de POTRAZ et TelOne, ainsi que les PDG des plus grands fournisseurs d’accès à Internet (FAI) du Zimbabwe et des représentants d’acteurs majeurs et de la communauté ont assisté à cet événement, qui a mis en évidence l’importance d’une approche multisectorielle pour la connectivité.

Gift Machengete, directeur général de POTRAZ, a souligné l’importance de la capacité incomparable d’Internet à offrir des opportunités équitables à tous. « Nous assistons ici au commencement d’une nouvelle révolution, nous assistons ici à l’aube d’une nouvelle ère. […] Les réseaux communautaires garantissent un meilleur accès et une meilleure utilisation d’Internet à ceux qui étaient jusqu’alors oubliés. »

Un groupe de personnes avec des masques faciaux qui parlent

L’UNICEF, la branche Développement de l’UIT, le ministère zimbabwéen des Communications, la POTRAZ et le chapitre zimbabwéen de l’Internet Society ont participé au lancement du réseau communautaire de Murambinda Works en mai 2021.
UNICEF Zimbabwe / 2021 / Kudzai Tinago

En décembre 2018, POTRAZ a fourni gratuitement le spectre du projet pilote de Murambinda, qui a bénéficié du soutien de l’Internet Society, avec un investissement de 45 000 $ américains.

Le ministre des TIC a représenté le soutien total du gouvernement zimbabwéen pour Murambinda Works, en rappelant l’importance d’Internet dans le monde actuel, en perpétuelle évolution. « Nous traversons une période sans précédent […] au cours de laquelle la connectivité à Internet n’est plus un luxe, mais un besoin essentiel à la survie au quotidien. Que l’on réside en zone urbaine ou rurale, Internet est désormais plus important que jamais auparavant. Tandis que la pandémie de COVID-19 nous force à changer notre manière de travailler, de rester en contact, d’aller à l’école et de faire nos courses partout dans le monde, il n’a jamais été plus nécessaire de combler la fracture entre le monde rural et le monde urbain. »

Nous traversons une période sans précédent […] au cours de laquelle la connectivité à Internet n’est plus un luxe, mais un besoin essentiel à la survie au quotidien. »
Honorable Jenfan Muswere, ministre des Technologies de l’information et de la communication (TIC) et des services postaux

Les projets à venir

Les activités innovantes suivantes sont en projet afin d’assurer le développement et la pérennité de Murambinda Works :

  • Des points d’accès au marché, aux arrêts de bus, dans les restaurants et dans d’autres lieux publics
  • Un accès au réseau fixe pour les entreprises des environs, notamment pour celles du secteur minier
  • La revente de l’accès aux points d’accès aux opérateurs de téléphone mobile, pour offrir aux opérateurs mobiles tels qu’Econet des points d’accès au Wi-Fi sur l’infrastructure du réseau communautaire de Murambinda et d’autres sites
  • Les écoles peuvent adopter l’initiative Id’aquaponie connectée, dont le projet pilote a été organisé avec succès par le Chapitre zimbabwéen de l’Internet Society afin d’obtenir des revenus pour couvrir les frais liés à la connectivité
  • Offrir la connectivité aux écoles à un prix abordable
  • Les viviers à poisson et des jardins contrôlés par des objets connectés pour générer des revenus
  • Achat de coupons et connexion des foyers et entreprises
  • Inciter les jeunes à rester dans la communauté


Le réseau communautaire de Murambinda offre un accès aux écoles environnantes, et ouvre des portes à bien d’autres personnes.
@UNICEF Zimbabwe/2021/Kudzai Tinago

Connecter à l’avenir

Le modèle de Murambinda, reposant à l’origine sur une licence pilote, a vu sa faisabilité et sa mise en pratique testées et approuvées pour une mise en œuvre élargie par le ministère des TIC et des services postaux. Les résultats sont déjà très satisfaisants. Murambinda Works représente un modèle rentable, qui peut être étendu à d’autres zones, tout en préservant la valeur du partage, culturellement chère aux Africains. « Comme le sadza and relish, un plat traditionnel zimbabwéen que plusieurs personnes mangent dans la même assiette, nous partageons [Internet] collectivement, en utilisant toutes les ressources, l’infrastructure et la bande passante, et cela peut être reproduit sur l’ensemble du pays », explique Bishi.

Mais ce n’est pas tout. POTRAZ a depuis lors mis en place une nouvelle licence pour l’utilisation du spectre 2,4 GHz et 5 GHz. Celui-ci utilise les mêmes technologies : des produits sans fils bon marché et facilement disponibles. Murambinda Works est devenu un Centre d’excellence, l’initiative modèle que les districts ruraux peuvent reproduire. Les parties impliquées ont bien vu l’efficacité et les avantages offerts par ce modèle novateur : réduire profondément la fracture du numérique au Zimbabwe, en donnant aux communautés les moyens de mettre en œuvre des solutions par eux-mêmes, pour eux-mêmes.

Pour en faire une initiative locale, dont la communauté se sent vraiment responsable, tout en nous aidant dans nos efforts tandis que nous allons de l’avant. »
Nelson Magwede, inspecteur du ministère de l’éducation pour le district

Par la suite, le réseau communautaire de Murambinda va continuer à soutenir la puissance et la portée d’Internet. Il s’agit d’un avènement technologique captivant, qui a fait la preuve de sa capacité à changer les vies et à mieux développer et préserver les communautés, en particulier dans les zones difficiles d’accès. Internet représente une manière durable de donner les moyens d’agir à des écosystèmes communautaires « pour en faire une initiative locale, dont la communauté se sent vraiment responsable, tout en nous aidant dans nos efforts tandis que nous allons de l’avant », déclare Magwede.

Image principale : Le réseau communautaire de Murambinda offre un accès aux écoles environnantes, et ouvre les portes d’opportunités à davantage de personnes.
UNICEF Zimbabwe/2021/Kudzai Tinago