Développement 30 août 2016

Susciter l’intérêt pour les données en Afrique

Synthèse

Internet Society a pour objectif de rendre l’Internet accessible à tous et partout. Il nous a donc fallu étudier les obstacles à la connectivité dans les régions émergentes. Ce rapport se poursuit dans le même esprit, mais en passant de l’examen des obstacles à l’accès aux données. Comme point de départ, nous constatons que, suite à de nouveaux investissements dans les infrastructures d’accès, y compris notamment les réseaux Internet mobiles, la disponibilité d’Internet aujourd’hui dépasse de loin l’adoption. La question est de savoir pourquoi la demande ne suit pas.

Ces dernières années, l’Afrique subsaharienne a largement développé les infrastructures de connectivité et l’accessibilité. Internet reste cependant peu utilisé. Ce rapport part du principe que l’intérêt peut être suscité en accordant plus d’importance à la demande de connectivité Internet. Plus précisément, le rapport se concentre sur plusieurs domaines à aborder pour faciliter la disponibilité et la distribution de données au niveau local.

Disponibilité des données. Nous constatons de plus en plus que si l’accès Internet est indispensable, il ne suffit pas à susciter l’intérêt de l’adopter dans un pays ; Il ne s’agit que d’un moyen pour obtenir des données et des services que les gens utilisent quand ils sont en ligne. Dans l’ensemble, les données et les services internationaux conviennent à de nombreux pays à travers le monde – cela vaut pour les services de réseaux sociaux, l’accès à l’éducation, et, bien sûr, les divertissements. Cependant, nous remarquons également l’importance des données locales, qui en raison du caractère local, sont nettement plus adaptées.

Les données doivent être dans des langues connues, ce qui pose souvent problème dans les pays d’Afrique subsaharienne où les populations ne maîtrisent pas toujours la langue officielle du gouvernement. Alors que l’on pourrait supposer que c’est au niveau international que le problème se pose, ceci est également vrai à l’échelle locale, y compris pour les services d’e-gouvernement, étant donné que tout le monde ne parle pas la langue du gouvernement. De plus, la disponibilité des données peut être limitée par des restrictions juridiques. Les fournisseurs et les plateformes internationales, ainsi que les promoteurs locaux qui cherchent avant tout à rendre les données accessibles dans un pays peuvent s’autocensurer leur production pour rester en conformité avec les restrictions légales.

En même temps, les mécanismes de paiement sont essentiels aussi bien pour les données développées internationalement que localement. Avec un manque de mécanismes de paiement, les utilisateurs risquent de ne pas pouvoir acheter des données. Et s’ils le peuvent, le développeur peut ne pas être en mesure de recevoir les paiements. Ces restrictions s’étendent en outre à la capacité à recevoir des paiements pour la publicité et pour les entrepreneurs locaux à lever des fonds pour développer de nouvelles innovations.

Revenant au point de départ, les problèmes avec les encaissements publicitaires sont par ailleurs aggravés par le fait que la plupart des grandes plateformes de publicité ne prennent en charge aucune langue africaine (sauf l’arabe) ; en outre, dans certains cas, le placement d’annonces dans une langue prise en charge (comme l’anglais ou français) sur des pages qui sont principalement dans une langue différente (par exemple, le swahili) est expressément interdit.

Ces problèmes sont accrus par le manque d’infrastructures locales pour distribuer des données locales afin de réduire le coût et la durée pour accéder aux données.

Distribution des données. Pour tous les pays en développement que nous avons étudiés, la majorité des données (développées à la fois internationalement et localement) sont hébergées en dehors du pays, généralement à l’étranger. Par exemple, au Rwanda, pour tous les sites .rw, seule une très petite fraction est hébergée au Rwanda, et le reste est hébergé principalement en Europe et aux États-Unis. Basé sur le travail que nous avons réalisé récemment au Rwanda, l’hébergement à l’étranger peut avoir un impact significatif sur le coût et le temps d’attente pour accéder aux données, ce qui contribue à faire baisser l’utilisation. Ainsi, le fait d’avoir de bonnes plateformes de distribution des données locales et régionales peut augmenter de manière significative l’utilisation des données disponibles.

Trois niveaux clés de l’infrastructure sont traités. Premièrement, les centres de données fournissent un endroit où les serveurs sont exploités en toute sécurité. Deuxièmement, un centre de données peut desservir l’hébergement local, mais aussi les données internationales via des réseaux de diffusion. Troisièmement, pour qu’aucune connexion entre la demande et la transmission de données ne soit inutilement acheminée à l’étranger, un point d’échange Internet est nécessaire pour organiser les flux du trafic local.

Parmi les obstacles à une telle infrastructure : la formation des ingénieurs sur place pour faire fonctionner l’équipement, les restrictions juridiques sur ceux qui hébergent les données des autres, l’accès aux câbles d’alimentation et de fibre optique dans le pays, et les procédures d’importation qui augmentent le temps et le coût d’acquisition de l’équipement nécessaire.

En supprimant ces obstacles à la construction et l’exploitation de ces éléments d’infrastructure, il est possible d’augmenter la quantité des données disponibles dans le pays. Plus les données se rapprochent de l’utilisateur, moins l’attente est longue. Les FAI n’ont par ailleurs pas à dépenser d’argent à chaque visualisation, sur les câbles sous-marins pour transmettre des données de l’étranger. Enfin, les prix de l’accès à Internet pourraient être réduits.

Résumé. Nous estimons que l’élimination des obstacles à la disponibilité et à la distribution de données aura un impact important sur l’écosystème Internet. Les données internationales existantes seront plus accessibles, et les entrepreneurs locaux pourront mieux identifier et combler les lacunes dans leurs marchés, contribuant aussi à créer des revenus et des emplois. Au final, cela contribuera à accroître la demande pour l’Internet, attirant de nouveaux utilisateurs en ligne et augmentant l’utilisation des abonnés, qui trouveront de nouvelles données et services répondant à leur intérêt aussi bien social, commercial que gouvernemental.

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